Christoph Chabirand qui vient de sortir son 4éme livre, DATURA ET SOLEIL NOIR, vit désormais sur l'île de La Réunion. Né à Luçon, en 1958, d'une mère professeur d'anglais et d'un père économe au lycée de Pétré, Christoph Chabirand a effectué ses armes scolaires au collège Beaussire, puis au lycée polyvalent, comme on disait alors. Il a poursuivi ses études à l'Ecole Normale, puis est devenu instituteur, profession qu'il exerce depuis plus de trente ans en outre-mer. Car l'ami Chabirand est parti vers l'hémisphère sud en 1986 avec sa femme Marie-Claude ( originaire de Saint Etienne- de-Brilhouet).
Aujourd'hui, incontestablement, l'île de l'océan indien est devenue sa nouvelle patrie. Sans pour autant oublier Luçon, le Sud-Vendée, comme on a pu s'en rendre compte dans les nouvelles de ses précédents ouvrages ( Bleues Nuits, chez Amalthée, 2008; Aigues-marines, Orphie 2010; Les contes d'Efinga, Orphie 2012). Des nouvelles d'autofiction, mettant parfois en scène ses meilleurs copains, comme Henry, son pote de collège et lycée, mort tragiquement dans un accident de moto (1976), entre Champ-Saint-Père et Rosnay, alors qu'il le suivait.
MOTO, TROMBONE ET WESTERN DE LEONE
La moto est d'ailleurs un des moteurs de l'imaginaire de l'écrivain. La musique aussi. Ce pro du trombone a d'ailleurs créé son groupe de jazz et tourne régulièrement. Et puis, il y a une influence certaine des western de Sergio Leone, qu'il a vu jeune, au Rex, près du jardin Dumaine. D'où un réalisme cru dans le style, trash même parfois, très moderne aussi, de son époque. Ainsi va la nouvelle SOLEIL NOIR ( car le polar de Chabirand est en fait composé de deux longues nouvelles). Dans son scénario, la vengeance est la meilleure des justices, à l'image de Charles Bronson dans UN JUSTICIER DANS LA VILLE, ou de Clint Eastwood dans L'INSPECTEUR HARRY. Ce justicier en moto est impitoyable pour protéger son fils et sa femme de bandits du trafic de drogues, trafic aux pratiques, il est vrai tout aussi impitoyables.
Cru, trash, mais efficace. Haletant aussi. D'autant que se faire justice en prenant les meilleures précautions du monde, n'empêche pas d'être piégé. Cette nouvelle se lit d'une traite, tout comme la première, histoire d'une belle Créole devenant vénéneuse comme la DATURA, sulfureuse plante à la fleur mauve. Surtout, à travers ces deux récits, Chabirand met en scène cette île de l'hémisphère sud, ses routes sinueuses, ses criques, ses paysages, ses montagnes...Il fait de La Réunion sa véritable héroïne. A quand un polar du même tonneau à Luçon.
«DATURA ET SOLEIL NOIR», de Christoph Chabirand, Orphie, 234 pages, 10 euros.