Presse

"J'écris avec les tripes"

Quotidien de La Réunion, le 25 mai 2010

Couverture Aigues-marines

Connu pour ses talents de musicien, le tromboniste de jazz Christoph Chabirand sait également se sevir de sa plume et nous présente son deuxième recueil de nouvelles intitulé "Aigues-marines", publié chez Orphie éditions.

- En 2008, vous publiez "Bleues-nuits", un recueil d'une vingtaine de nouvelles. Vous revenez cette fois avec "Aigues-marines", un tout autre ouvrage mais qui emprunte le même genre. Pourquoi?

- J'aime ce format d'écriture. Avec la nouvelle, il faut que ça soit concis, précis et il faut trouver une chute qui doit surprendre. En fait, j'aime ce côté urgent. Et puis ça me ressemble quelque part, je suis comme ça. Je ne perds pas tellement de temps. Le format de la nouvelle me rappelle ce que je fais en musique. Le jazz et l'écriture ce sont deux domaines qui se rapprochent. Pour l'instant, c'est ce qui me convient bien. J'aurais peut-être envie par la suite de faire un roman mais pour l'instant non. Mon troisième livre est en cours et ça sera encore des nouvelles.

- Comment partagez-vous votre temps entre votre métier d'instituteur, de jazzman et d'écrivain ?

- J'essaie de trouver le temps pour chacune de mes passions. Je suis instituteur en remplacement un peu partout dans l'île. Je suis fondateur des groupes Softrio et Djazadonf et je joue avec de nombreaux artistes réunionnais. Et puis je trouve toujours un moment pour écrire, parce que j'aime ça, c'est un véritable plaisir.

" Je ne fais pas semblant "

- "Aigues-marines" contient une vingtaine de nouvelles, souvent en lien avec La Réunion, les professeurs, le sexe...Y a-t-il une grosse partie autobiographique?

- Heureusement que je n'ai pas vécu tout ce qui est raconté dans le livre mais c'est vrai qu'il s'agit d'un mélange de choses vécues et d'inventions de mon imagination. L'actualité réunionnaise alimente beaucoup mes textes. Le contexte géographiqye m'a beaucoup influencé. Le plus souvent, je me laisse porter par mon imagination.

- "Histoire des temps modernes", l'une de vos nouvelles, traite du désir d'enfant dans les couples homosexuels, du rapport à l'inceste ou pas...S'agit-il de vécu?

- Non, mais c'est quelque chose qui pourrait se passer dans notre société. J'essaie de raconter des histoires qui ont un fond de sincérité. Je ne fais pas semblant, j'écris avec les tripes. Alors je parle de tous les sujets sans détours.

-Le bleu est la couleur dominante de votre ouvrage, ainsi que pour le précédent, pourquoi?

- Il s'agit d'un clin d'oeil à la blue note dans le jazz. Vu que la musique est une autre de mes passions dévorantes. Et puis j'aime beaucoup cette couleur.

- Vos différentes histoires ne sont pas forcément liées les une aux autres.Qu'en sera-il dans le prochain ouvrage?

- C'est vrai qu'il n'y a que quelques nouvelles qui sont en rapport entre elles. Dans le prochain livre justement, même si les histoires sont indépendantes, les protagonistes seront les mêmes. Mais je ne vais pas en dire trop.

Entretien: Florence Labache.

CE QU'ON EN PENSE

"Aigues-marines" de Chrsitoph Chabirand, publié chez les éditions Orphie dans la collection " autour du monde" est sorti il y a quelques jours. Sa couverture, bien travaillée et colorée, donne envie de se jeter tout de suite dans cette eau bleue vivace. Dès les premières lignes de la première nouvelle intitulée "Parricide", l'auteur arrive à capter l'attention du lecteur.

Sans jamais nous lasser, Chabirand nous entraîne au fil des pages, dans des histoires, les une les plus invraisemblables que les autres, l'atmosphère y étant parfois légère et par moment plus lourde. Le ton est changeant, le rythme est doux et le livre est vraiment bon.

Chabirand face au démon de ses nuits bleues

Ouest France, le 21 janvier 2009

C'est d'abord avec ses tripes que Christoph Chabirand, à l'aube de la cinquantaine, a écrit et publié « Bleues Nuits », un recueil d'une vingtaine de nouvelles. Entre les souvenirs et la fiction, ce Vendéen natif de Luçon se livre dans ces courtes histoires avec un bel appétit des phrases, sans construction compliquée. Devenu instituteur et vivant sur l'île de la Réunion depuis plus de vingt ans, Chabirand est un gourmand sensuel traversé par sa désormais double culture vendéano-indienne et son amour du jazz, sans oublier sa passion de la moto. Et il ne renie pas l'intérêt qu'il porta à la dive bouteille. Entre les litres et la rature, sa nouvelle intitulée « les cousins » et se terminant dans la cave de son copain Gus dans le sud-Vendée, est à mourir de rire. Et celle intitulée « Henry » est un splendide hommage à son grand pote de jeunesse du collège Beaussire de Luçon. Ce Henry disparu dans un accident de moto, dont le souvenir continue à hanter l'auteur, le voyant toujours revenir comme dans un film qui ne finit jamais.

« Bleues nuits », de Christoph Chabirand, Éditions Amalthée, 90 pages.

Philippe GILBERT.

Entre Eros et Thanatos

Le quotidien, le 6 octobre 2008

Musicien accompli installé depuis plus de vingt ans à La Réunion, Christoph Chabirand prend la plume pour nous servir une vingtaine de nouvelles peines de vie, tiraillées qu'elles sont entre Eros et Thanatos, le désir et la mort.

Depuis le temps qu'il a posé son trombone à La Réunion au milieu des années 80, on connaît bien Christoph Chabirand pour ses talents de musiciens de jazz qu'il a pratiqués au sein du Jazz Club, du Soft Trio ou bien de Djazadonf. «Pas un métier», se défend-t-il, mais «une passion dévorante» pour l'instit' qu'il est. Aussi prenante qu'elle soit, cette passion ne fait aujourd'hui plus d'ombre aux autres cordes d'un arc tendu entre Eros et Thanatos, le désir et la mort. Un arc de vie qui l'emmène aujourd'hui à se révéler sur le terrain d'une écriture qui ne fait pas dans la fioriture pour toucher directement là où ça fait du mal. Là où ça fait du bien.

«Il y a longtemps que ça me tournait dans la tête. J'écris depuis longtemps. D'abord des poèmes et puis des nouvelles. J'écris quand j'ai le temps», raconte-t-il sobrement, comme gêné d'afficher ce talent supplémentaire. Car dans cet exercice ô combien difficile de la nouvelle, Christoph Chabirand a trouvé un genre qui convient à une vision tendue et nerveuse de la vie. C'est en tous cas ce qu'on constate en avalant «Bleues Nuits», un recueil d'une vingtaine de textes serrés, collés-serrés même, publié chez l'éditeur nantais Amalthée. Quand on est vendéen d'origine, on ne se refait pas, que voulez-vous.

Vincent PION